Joël Dicker : La disparition de Stephanie Mailer

La disparition de Stéphanie Mailer

Joël Dicker
Editions De Fallois Poche
834 pages
Contemporaine / policier
2018

Quatrième de couverture : 30 juillet 1994. Orphea, petite station balnéaire tranquille des Hamptons dans l’Etat de New York, est bouleversée par un effroyable fait divers : le maire de la ville et sa famille sont assassinés chez eux, ainsi qu’une passante, témoin des meurtres. L’enquête, confiée à la police d’Etat, est menée par un duo de jeunes policiers, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Ambitieux et tenaces, ils parviendront à confondre le meurtrier, solides preuves à l’appui, ce qui leur vaudra les louanges de leur hiérarchie et même une décoration. Mais vingt ans plus tard, au début de l’été 2014, une journaliste du nom de Stephanie Mailer affirme à Jesse qu’il s’est trompé de coupable à l’époque. Avant de disparaitre à son tour dans des conditions mystérieuses. Qu’est-il arrivé à Stephanie Mailer ? Qu’a-t-elle découvert ? Et surtout : que s’est-il vraiment passé le soir du 30 juillet 1994 à Orphea ?

Le livre en trois mots : meurtres, secrets, théâtre

Note : 4 sur 5.

De Joël Dicker, je connaissais déjà Le livre des Baltimore (dont je vous ai déjà parlé ici) et le célébrissime La vérité sur l’affaire Harry Québert. A force, je sais quoi m’attendre en ouvrant un de ses livres : des pages s’avalant à une vitesse folle mais une intrigue parfois un peu faible, et quelques longueurs.

Après avoir eu du mal à lire pendant une période assez longue et avoir lu des livres un peu décevants, j’avais besoin de me replonger dans un univers connu, dans une écriture qui, je le sais, répondra à ma seule attente : me permettre de reprendre momentanément goût à la lecture. Et c’est chose réussie !

Parfois, je songeais que j’étais un lâche. Mais comme tous les hommes, au fond. Si le bon Dieu nous avait donné une paire de couilles, c’était justement parce que nous n’en avions pas.

Pas de surprise dans ce roman tentaculaire aux multiples intrigues. J’ai, comme prévu, avalé les pages à un rythme ahurissant, lisant ce gros pavé en l’espace du pont du 14 juillet – cinq jours, donc. Dans le train, à la piscine, après le repas, sur les transats : je n’ai pas manqué une occasion pour venir à bout de La disparition de Stephanie Mailer. Si comme moi, c’est ce que vous recherchez, sachez que vous ne serez pas déçu.e.s – d’ailleurs, je pense ne pas me tromper si je dis que Joël Dicker est plutôt une référence en matière d’addiction.

Il a une écriture fluide, simple, sans détour – mais aussi sans envergure. Son roman est passionnant, mais l’aspect littéraire est complètement sacrifié sur l’autel de la simplicité. Facile à lire, oui, mais on en perd l’émotion et la beauté du livre. Ainsi, je ne me rappellerai sûrement pas de ce livre dans quelques années, puisqu’à part quelques « oh ! » et « ah ! » de surprise, il ne m’a évoqué aucune sensation, aucune émotion, et je déplore un peu cela.

Quand vous avez tué une fois, vous pouvez tuer deux fois. Et quand vous avez tué deux fois, vous pouvez tuer l’humanité toute entière. Il n’y a plus de limites.

Pas d’émotions, à part, je disais donc, de la surprise. Cela est dû à un scénario plus que riche (il en faut pour écrire 800 pages, tout de même) qui ravira les lecteurices de ses rebondissements plus nombreux que de raison. L’intrigue se sépare entre 1994 et 2014, entre la première enquête sur le quadruple meurtre et sa réouverture vingt ans plus tard, par les mêmes flics. Entre les deux époques, tout a changé mais rien n’a changé à la fois. Il est cependant parfois difficile de s’y retrouver. J’ai notamment beaucoup mélangé les éléments des deux enquêtes, peinant parfois à faire la part des choses. Cependant, il est indéniable que Dicker sait à merveille manier son suspense. Il mène saon lecteurice à la baguette, et il est facile de se laisser tromper par les leurres que laisse l’auteur à notre intention.

Mais attention, ce scénario bien épais et complet cache parfois de grosses coquilles dans le texte qui paraissent inadmissibles pour un auteur confirmé, mais aussi des situations assez invraisemblables qui feront hausser le sourcil de n’importe quel amateur de policiers. Ces manques dans la construction se font au profit d’un pathos qui paraît quelquefois exacerbé et d’un humour qui, bien que maladroit, ne manquera pas de vous faire sourire. Mais ces situations abracadabrantesques sont au service d’un suspense bien ménagé qui ravira votre soif de vérité.

Je conseille ce livre à :

  • ceux qui aiment les romans d’enquête à multiples couches qui traitent 4 intrigues à la fois
  • ceux qui ont le courage de se lancer dans 800 pages de roman, avec ses longueurs et ses rebondissements
  • ceux qui aiment être absorbés par leurs lectures

Joël Dicker est né en 1985 à Genève où il vit toujours. Il est l’auteur de cinq romans traduits en 40 langues qui se sont vendus à plus de 10 millions d’exemplaires.
Source : site officiel de l’auteur

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