Taylor Jenkins Reid : The Seven husbands of Evelyn Hugo

À l’aube de ses quatre-vingts ans, Evelyn Hugo, légende du cinéma, est enfin prête à dire la vérité sur sa vie aussi glamour que scandaleuse. Mais quand cette actrice, vieillissante et solitaire, décrète qu’elle fera ces révélations à Monique Grant, journaliste pour un obscur magazine, personne ne comprend son choix. La journaliste décide de saisir cette occasion pour lancer sa carrière. Elle écoute avec fascination l’histoire de cette actrice mariée sept fois. Une histoire d’ambition, d’amitié et d’amour défendu. À mesure qu’elle recueille les confidences d’Evelyn, la journaliste comprend que leurs destins sont étroitement liés…

Roman historique de Taylor Jenkins Reid paru aux éditions Atria Books en 2017.

Men were almost never with me for my personality.

J’ai commencé ce roman très plébiscité dans mon long voyage de bus entre Bologne et Toulouse. Je cherchais un livre facile à lire pour occuper ces 18 longues heures durant lesquelles trouver le sommeil n’est pas toujours évident et où il ne faut pas languir de sa lecture, sinon elle devient détestable. The Seven husbands of Evelyn Hugo a parfaitement rempli cet objectif ! Pour autant, je ne pense pas l’avoir adoré autant que certains lecteurs dont j’ai pu lire les retours. Ma lecture commence un peu à dater mais j’ai suffisamment de recul pour enfin comprendre ce qui m’a gênée.

Le pitch s’articule parfaitement autour du titre. Evelyn Hugo, actrice à la retraite depuis bien des années, livre ses mémoires à Monique, une jeune journaliste. Et quels mémoires, puisqu’elle s’est mariée pas moins de sept fois au cours de sa longue vie, ce qui est assez peu habituel. Mariages d’amour ? Mariages vénaux ? Quête de réputation ? Que cherchait Evelyn en menant une vie si décousue ? C’est ce que Taylor Jenkins Reid va nous exposer en sept parties organisées par ordre chronologique : une par mari.

Vous l’avez donc compris, ce livre conte la vie et l’oeuvre d’Evelyn Hugo, par l’intermédiaire d’une petite journaliste qui affirmera son caractère au cours du roman. Ici, j’ai deux remarques à faire. D’abord, ce procédé nous plonge entièrement dans le glamour hollywoodien, des années 40 à nos jours, et ses dessous qu’il vaut mieux ignorer. Evelyn Hugo est une Marilyn, une icône, un idéal féminin, et une partie du livre tourne autour de ces sujets. Les rapports entre les différentes parties prenantes dans la réalisation d’un film étaient intéressants, ainsi que les rapports de pouvoir qui s’établissent entre elles. Le revers de la médaille est le sur-place que m’a inspiré The Seven husbands of Evelyn Hugo. J’ai trouvé que cette immersion dans la vie de l’actrice manquait d’évolution. Toujours les mêmes tourments animent les protagonistes, toujours les mêmes réactions font évoluer l’intrigue qui devient alors très redondante et prévisible. De même, j’ai trouvé qu’on n’allait pas toujours assez loin dans la psychologie des personnages alors que l’organisation du livre ainsi que le ton employé était adapté à vraiment les analyser en profondeur. D’ailleurs, j’ai trouvé qu’il y avait un côté « liste » au roman. Sept maris, c’est beaucoup. Sept fois on tourne autour du pot, on comprend comment Evelyn en vient à épouser chacun de ses maris, mais à la longue, on ne rentre plus vraiment dans les détails. Ce qui fait que j’ai oublié la moitié des maris à peine le livre refermé (peut-être était-ce voulu ?).

Ce qui distingue (et de très loin) ce roman est le thème principal qu’il aborde. Je ne peux pas aller dans les détails car ce serait divulgâcher et ôter au roman son intérêt même. Mais sachez que c’est un thème que l’on retrouve assez peu dans la littérature en dehors du rayon associé. Contrairement à la forme de superficialité évoquée plus haut, ce thème est largement explicité, avec les problèmes qu’il soulève, les questionnement que cela engendre et surtout l’évolution de la vision avec le temps (puisque le roman s’étale sur une soixantaine d’années). J’ai trouvé cela très intéressant d’un point de vue des représentations. Un autre aspect du livre que j’ai trouvé passionnant est la manière dont les relations non romantiques sont autant valorisées que les relations romantiques. C’est assez rare dans un livre où le sujet principal est, justement, l’amour, au travers des aventures amoureuses d’Evelyn. Mais la famille et ses difficultés, et surtout l’amitié qui tourne a la fraternité, ont aussi leur place dans The Seven husbands of Evelyn Hugo. Je trouve que c’est important de revaloriser ces autres manières de faire famille dans des romans qui sont aussi lus.

Vous l’avez compris, j’ai un avis assez ambivalent sur la question. On a à la fois des thèmes intéressants mais un format un peu rébarbatif. En revanche, je peux vous assurer que l’écriture de Taylor Jenkins Reid est addictive, en plus d’être facile à lire en VO anglaise. Les chapitres courts fluidifient la lecture et rendent le bouquin idéal à lire dans un voyage en bus d’une vingtaine d’heures. Pour cela, j’ambitionne de lire d’autres romans de l’autrice, comme son autre best-seller Daisy Jones and the Six. Même si, comme je l’ai déjà mentionné, les personnages ne sont pas approfondis, l’autrice réussit à leur insuffler un vrai caractère et une vraie personnalité. Ce qui les rend, occasionnellement, très agaçants (j’ai franchement détesté le personnage de Celia par exemple).

Petit point négatif à signaler sur la fin qui était attendue mais que je n’ai absolument pas aimé, je trouve qu’elle ruine un peu le propos du livre et qu’elle était plutôt mal écrite, je n’ai pas compris les réactions des personnages. Cela a donné un ton très négatif à la fin de ma lecture.


Taylor Jenkins Reid est une romancière américaine. Ses grands succès comme One True Loves , Daisy Jones and the Six et The Seven husbands of Evelyn Hugo ont été adaptés en série, ou vont l’être.

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